Mes squelettes et moi

Publié le par sab


J'imagine bien ce que vous vous dites : ah ben d'accord, voilà la belle vie, que tu arroses tes plantes, et que tu construis des fours sponsorisés par Elf, et que tu fais pas le ménage, bravo franchement. Oui, oui. Mais je travaille, aussi. Bande de mauvaises langues. 
Sûr que vous mourez d'envie de savoir ce que je fais de mon temps (à part surfer sur internet ...). Ben voilà (soyez indulgents, je débute...) :

Un jour, je vous raconterai mon histoire d'amour avec l'auteur des originaux, un Thécoslovaque du début du siècle dernier, venu (et reparti de) pour chercher des "antiquités" dans le Nord-Ouest argentin (entre autres à Laguna Blanca) pour le compte d'un collectionneur particulier, et reparti avec des centaines de pièces céramiques, mais aussi métalliques (or, argent, cuivre), lithiques (pipes, pièces de mortiers) après avoir ouvert plus de 1.000 tombes.
Aujourd'hui on dirait que c'est un énorme sacage, même si malgré tout il a laissé des registres plutôt complets, à mon sens, pour l'époque (un pilleur qui fait des dessins de l'intérieur des tombes, un inventaire
numéroté du matériel, la position des squelettes, etc., c'est plutôt peu commun). En ce qui nous concerne, ce sont donc 102 tombes, que je vais redessiner, très certainement pour publier la version fac-similé (franchement il écrivait comme un sagouin, j'ai l'impresion de travailler sur des manuscrits médiévaux), puis si j'y arrive (si on m'accepte..) faire un travail de thèse sur ce matériel. L'idée est de localiser ces tombes (pas facile avec des indications très XIX° du style : 'au Sud de la maison de Mme Bidule') et de voir si je peux tirer quelque chose des squelettes (il les a laissés en place -sur place, sûr...en place, moins sûr- mais pratiquement pour chaque tombe il mentionne que les os sont "très pourris"... ça s'annonce compliqué). Enfin, pour le reste, toutes les céramiques de Laguna Blanca se trouvent exposées au Musée de Sciences Naturelles de La Plata, qui, bien évidemment, n'envisage pas du tout de les restituer pour leur exposition au musée de Laguna Blanca...



Quant au matériel métallique, il se trouve dans un musée berlinois qui, bien évidemment, n'envisage pas du tout de le restituer pour son exposition au musée de Laguna Blanca...
débat universel.
Enfin, je ne mentionnerai pas le nom de ce nouvel amour, disons que comme tous les milieux archéos du monde, le matériel écrit de ce brave homme fait partie des petits secrets d'UN archéo de La Plata, qui le couve jalousement.. nous avons donc dû presque soudoyer une connaissance pour qu'il nous envoie en douce les photos et parties des carnets qui nous manquaient... ça m'a toujours paru bizarre, voire indignant, de voir comment beaucoup de chercheurs entravent la circulation des infos.. et c'est pas une spécialité argentine, soyons clairs.

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